Le secteur financier Mondial est en plein essor, avec une transformation impliquant la montée en puissance des technologies financières (fintech) qui remettent en question les modèles traditionnels du système bancaire, des assurances, de l’investissement et des paiements. Pour un pays comme
l’île Maurice, qui aspire à se positionner comme un hub financier stratégique desservant ainsi l’Afrique aussi bien que l’Asie et d’autres parties du monde, la fintech représente sans nul doute une opportunité majeure qu’on ne saurait laisser filer. En tant que centre financier international, l’île Maurice bénéficie d’un environnement réglementaire favorable et d’une connectivité stratégique entre l’Afrique, l’Asie et l’Europe. Cependant, la concurrence avec d’autres hubs financiers comme Singapour, Dubaï et Hong Kong nécessite un renforcement de notre secteur fintech. Il est un fait indéniable que les banques et autres institutions financières intègrent de plus en plus l’intelligence artificielle (IA), la blockchain et le big data pour améliorer l’expérience client, réduire les coûts et renforcer la sécurité. À titre d’exemple, la banque en ligne, les robo-advisors et les paiements numériques font figure de proue dans la conjoncture internationale, surtout dans le contexte des échanges et transactions transfrontaliers. La question qu’on doit se poser est : est-ce que Maurice a les atouts pour pouvoir atteindre le niveau requis afin de se mettre au même niveau que les juridictions susmentionnées, et ceci dans un relativement court laps de temps ? Parce que, plus on tarde à mettre en place toute la série de mesures aptes à favoriser le climat nécessaire pour dynamiser ce secteur, plus on sera confronté à devoir rattraper nos concurrents en la matière.
L’instance régulatrice du secteur financier, notamment la Financial Services Commission (FSC), travaille déjà à la mise en place de régulations adaptées aux fintech, notamment en matière de crypto-actifs et d’innovation financière. On souhaite vivement que toutes les lois y relatives soient promulguées aussi vite que possible. Il est mondialement reconnu que Maurice jouit d’une stabilité politique et économique hors pair, ce qui explique l’intérêt démontré par les start-up et entreprises fintech cherchant à opérer en Afrique à choisir notre juridiction comme lieu d’implantation de leurs sociétés holding aussi bien qu’opérationnelles. Aussi, l’optimisation de l’utilisation de la fibre optique et la digitalisation croissante du pays vont certainement permettre un développement rapide des solutions fintech.
Afin d’assurer la croissance dans le secteur, la formation de professionnels qualifiés en IA, blockchain et cybersécurité est incontournable. Aussi est-il nécessaire d’encourager l’innovation en offrant un meilleur accès au financement et des structures d’accompagnement adaptées. Il faudrait qu’on favorise la collaboration entre le gouvernement, les institutions financières et les start-up afin d’accélérer l’innovation et l’adoption des technologies fintech. En capitalisant ainsi sur sa connectivité, Maurice peut servir de passerelle, par exemple, entre les investisseurs asiatiques et les marchés africains émergents. Il y a aussi un besoin pressant d’investir dans la cybersécurité et ainsi renforcer la confiance des utilisateurs dans les services financiers numériques. Les initiatives foisonnent au niveau international dans le secteur fintech ; pour ne citer que quelques-unes de ces initiatives, il y a les cryptomonnaies et la finance décentralisée (DeFi) qui transforment la manière dont les transactions financières sont réalisées. Il est à noter aussi que les banques centrales explorent également la possibilité de créer des monnaies numériques (CBDC – Central Bank Digital Currencies) pour moderniser le système monétaire. La Banque de Maurice joue un rôle crucial dans le développement du secteur fintech et a déjà entamé une mouvance dans ce sens, comme précité. La vulgarisation des solutions de paiement mobile et des plateformes de crowdfunding ne doit pas ignorer le pouvoir de l’entrepreneuriat qui, s’il est dûment stimulé, devrait inciter tout l’écosystème entrepreneurial local à développer des solutions appropriées et pertinentes, ce qui amènerait à un assainissement dans toute l’économie.
Toutes les prédictions démontrent clairement que l’avenir du secteur financier sera assujetti par l’innovation technologique, la digitalisation et l’intelligence artificielle. Tous les acteurs et opérateurs dans le secteur financier devraient se ressaisir et se focaliser sur les opportunités qu’offre la fintech. Cette transition commune de tous bords ferait que notre juridiction renforcera son statut de centre financier international, quitte à s’imposer comme un leader régional, aux portes du continent africain. Comme cité plus haut, tout cela passe impérativement par une régulation adaptée, un investissement dans les compétences et une collaboration active entre les acteurs du secteur. En se mettant au diapason des tendances mondiales et standards internationaux, Maurice aura à son actif tous les atouts nécessaires pour moderniser et pérenniser son économie, aussi bien que jouer un rôle clé dans la transformation financière de l’Afrique et, si on peut se permettre de le dire, même au-delà du continent africain. Comme dirait l’Anglais : “The sky is the limit”.